À l'âge de 5 ans, Howard G. Buffett plante du maïs dans le jardin familial. Une fois jeune adulte, son père Warren lui achète quelques hectares dans le Nebraska près de chez eux, mais tient à ce qu'il lui paye un loyer. Sur son tracteur, il fait ses armes, côtoie les petits fermiers et observe qu'ils peinent à se nourrir. « Lorsque j'ai vu leur détresse », raconte-t-il, « j'ai compris que je pouvais faire quelque chose. » Il rachète alors d'autres terres dans l'Illinois et crée au milieu de ses champs un centre d'études du rendement agricole. Son père a toujours conseillé à ses enfants de suivre leurs rêves, mais de donner à leur vie une portée intéressante. Dès que l'homme d'affaires fait fortune, il décide de confier un milliard de dollars à chacun afin d'aider les plus démunis.
Howard monte alors une fondation centrée sur l'hydrologie et l'agriculture durable. La sécurité alimentaire est désormais son obsession, mais pas à n'importe quel prix. Il veut favoriser la qualité de la production et la régénération des sols. Il encourage les fermiers américains à reproduire ce modèle. À l'international, il veut aider les petits exploitants.
Depuis 1999, la Howard G. Buffett Foundation a mis en place moult programmes d'agriculture durable, de gestion de l'eau et d'aides alimentaires. Elle concentre aussi ses efforts sur la gestion des conflits ; l'homme veut éradiquer la faim dans les régions les plus hostiles de la planète. Il cible les États en faillite car, pour lui, l'insécurité alimentaire est à la fois cause et conséquence des conflits. Il s'implique ainsi dans des projets hydrauliques et d'agriculture durable en République démocratique du Congo (RDC), en proie à des conflits récurrents depuis les années 1990. Il se rend sur place à plusieurs reprises.
Howard Buffett visite vingt pays par an. Le Mexique et toute l'Amérique centrale, la Colombie et l'Ukraine sont ses priorités, mais il va aussi beaucoup en Afrique. La fondation est aussi présente en Inde, en Indonésie et en Chine, en Afghanistan ou au Pakistan. Il retrouve chaque année les mêmes petits fermiers. Il examine leurs récoltes et la qualité nettement améliorée des épis, mesure leurs progrès. Son appareil photo le suit toujours dans son périple ; il veut capturer des visages, témoignage poignant des difficultés et espoirs des petits agriculteurs.
Avec son frère et sa sœur, il a approuvé en 2006 le legs de son père, 31 milliards de dollars, à la fondation de Bill Gates. Ce dernier est comme le quatrième enfant de Warren. Et Howard, tel un frère, n'hésite pas à lui dire lorsque les choix et les orientations de la Gates Foundation ne sont pas à la hauteur dans son domaine d'expertise. Bill reste à l'écoute, disposé à améliorer le sens de son action au profit de la santé dans le monde.
Il y a quelques années, Warren a annoncé à Howard qu'il le désignait comme son successeur. Il sait que ce n'est pas pour se pencher sur les comptes que son père l'a choisi, lui qui n'aime pas les chiffres et n'a jamais achevé son cursus universitaire. Mais pour les valeurs qu'il porte. « Suivre son rêve mais être efficace » était déjà la devise de son grand-père, qui l'avait transmise à Warren. Une histoire de famille.
thehowardgbuffettfoundation.org