Se lancer dans la culture d'amandiers quand la filière a quasiment disparu de France, se faire une place sur un marché trusté à 80 % par les États-Unis et opter pour le bio quand le conventionnel propose des prix bien inférieurs… Les défis sont de taille. Pas de quoi impressionner Martin d'Archimbaud. Un diplôme d'ingénieur agronome en poche, enrichi d'une formation à l'Essec, le jeune entrepreneur, un moment tenté par la finance, a finalement opté pour l'arboriculture. Avec une idée double : produire et remettre sur pied la filière française d'amandes, du champ au magasin.

« En 2021, nous avons trouvé un terrain agricole de 140 hectares à côté de Toulouse. À 2,5 millions d'euros le ticket d'entrée, c'est la Maif qui a assuré le portage du foncier », raconte Martin d'Archimbaud. Avec son associé Boris Spassky, il a également acquis des terres en avril 2024, de l'autre côté des Pyrénées, en Aragon. 105 hectares avec, pour l'heure, 8 000 amandiers en agriculture conventionnelle qui ont produit 20 tonnes de fruits cette année. L'objectif est de passer à 90 000 arbres et, là-bas aussi, de basculer en bio. Pourquoi deux projets en parallèle ? « Pour diversifier les risques climatiques et mieux contrôler les volumes de production », explique l'entrepreneur.

À la Granja, l'exploitation de Toulouse, 25 000 arbres ont été plantés sur 62 hectares. GreenPods y applique les principes de l'agriculture régénérative. Pas de labour, réduction des intrants, sols couverts toute l'année, utilisation d'un système connecté d'irrigation au goutte-à-goutte, autant de techniques mises en avant dans la ferme. Parallèlement, quatre parcelles sont à la disposition de start-up pour tester des techniques durables et innovantes. « Nous suivons par exemple l'efficacité du biochar », poursuit-il, « ou de biostimulants fabriqués à partir d'urine ou d'algues (kelp). » Il y a eu aussi des ratés : cela a été le cas avec l'expérimentation de robots pour désherber. Pas au point. Le plus gros travail a été d'obtenir le Label bas-carbone pour la Granja. « Sur vingt ans, les arbres, en poussant, vont absorber 4 575 tonnes de CO2 que nous commercialisons 100 euros la tonne à des partenaires qui cherchent à compenser leurs émissions. » L'objectif à terme : développer un portefeuille de fermes et produire plus de 1 000 tonnes d'amandes chaque année quand, actuellement, la France en consomme 45 000 tonnes et n'en récolte que 800 à 1 000. Un défi aussi grand qu'enthousiasmant.

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