D'année en année, les périodes de forte chaleur et de canicule se succèdent. L'été 2023, le quatrième le plus chaud depuis le début du XXe siècle, a enregistré quatre épisodes de canicule qui ont concerné 73 % de la population hexagonale. Entre le 1er juin et le 15 septembre, Santé publique France a recensé près de 20 000 recours aux soins d'urgence liés à la chaleur et 5 000 décès. La preuve que les messages de prévention et d'adaptation ne sont pas encore tous enregistrés. Un point sur les mesures à mettre en place.

Fermer ses volets à la bonne heure

C'est le geste préconisé depuis des années pour garder les pièces fraîches. "Mais des études nous ont montré que les gens ne savaient pas bien quand ouvrir et quand fermer", souligne Agnès Verrier, épidémiologiste à Santé publique France qui vient de lancer un site (voir en fin d'article).

Le plus simple est de fermer volets et fenêtres dès que la température extérieure est plus élevée que celle de votre intérieur. Si vos fenêtres sont exposées à l'est, cela peut être tôt le matin. À l'inverse, dès que la température extérieure est inférieure à celle de votre intérieur, vous pouvez ouvrir en grand. "Si besoin, faites poser une grille sur une fenêtre pour éviter les intrusions", précise Agnès Verrier. Dans un logement sur plusieurs niveaux, on peut aussi ouvrir une fenêtre en bas et une à l'étage pour un effet cheminée plus efficace. "Si certaines de vos pièces sont plus chaudes que d'autres, pensez à fermer la porte entre les pièces pour que la chaleur ne se diffuse pas", ajoute-t-elle.

Un ventilateur plutôt qu'une climatisation

"Avant la climatisation, qui émet des gaz à effet de serre et qui consomme énormément d'électricité, il faut envisager toutes les solutions alternatives", insiste Agnès Verrier. Le ventilateur, en participant à l'accélération du processus d'évaporation de la sueur par le corps humain, va apporter une sensation de fraîcheur. Pour accentuer cet effet, on peut se vaporiser de l'eau sur le visage et le corps ou prendre une douche fraîche, mais pas froide, avant de se placer encore humide devant l'appareil. Ne pas oublier aussi qu'un ventilateur est utile uniquement si on est devant. Lorsque l'on quitte la pièce, on l'éteint. Si jamais vous ne pouvez pas vous passer de la clim, mettez-la plutôt à 26 °C. Elle dépensera deux fois moins d'énergie qu'à 22 °C.

Et pour supporter la chaleur, on se déshabille le plus possible. Il faut par exemple ne pas hésiter à laisser les bébés en simple couche.

Passer du temps dans un endroit frais

"Lorsqu'il n'est pas possible de maintenir une température confortable chez soi, il est recommandé de passer plusieurs heures dans un lieu public rafraîchi, à proximité", explique Agnès Verrier. Il n'existe pas de normes sur la température intérieure. Cependant, le Haut Conseil de la santé publique a fixé à 28 °C la température au-delà de laquelle il faut être vigilant. Bibliothèque, piscine, musée mais aussi cinéma ou supermarché sont des endroits qui peuvent convenir. À condition de pouvoir y rester suffisamment longtemps. Les mairies affichent désormais sur leur site les lieux rafraîchis ouverts au public pendant les périodes de forte chaleur.

L'activité sportive aux bonnes heures

On a tous vu, en plein été, des personnes faisant leur footing ou un tennis aux heures les plus chaudes. Avec les températures qui grimpent, le risque de surchauffe existe bel et bien. "Il faut adapter la pratique sportive à la chaleur. Privilégier le matin ou le soir, s'hydrater, opter pour des vêtements techniques, mettre un chapeau, trouver des routes ombragées, etc.", conseille Agnès Verrier. Et si l'on a mal dormi ou travaillé toute la journée dans une ambiance surchauffée, on n'hésite pas à différer sa séance. Des conseils qui valent également pour les personnes, de plus en plus nombreuses, qui se déplacent à vélo.

Boire, oui, mais pas trop

On a l'habitude de dire qu'il faut s'hydrater lorsqu'il fait très chaud. C'est vrai. Savoir aussi qu'on ne ressent pas la soif en vieillissant. Il faut boire régulièrement même si le besoin ne se fait pas sentir. Mais tout en faisant attention. Une personne âgée, si elle boit trop, peut être en hyponatrémie (taux de sel dans le sang trop faible), ce qui entraînerait des complications graves, notamment neurologiques ou cardiaques. "C'est pourquoi il est recommandé de diversifier les apports hydriques comme les yaourts, les infusions, des fruits riches en eau", explique Agnès Verrier. Pastèque, fraise, melon, pêche…

"Des petits apports de sel peuvent aussi être conseillés", souligne le Dr Christophe Trivalle, gériatre à l'hôpital Paul-Brousse à Paris. Et bien sûr, l'alcool, parce qu'il déshydrate, est à proscrire.

Manger des aliments froids

Ça tombe bien, les canicules tombent à la saison des fruits et légumes. Ils n'ont pas besoin d'être cuits, ce qui évite une source de chaleur. "Ils apportent de l'eau, les sels minéraux perdus avec la transpiration", rappelle le Dr Trivalle. On favorise des menus composés de salade, de potage froid comme le gaspacho, de fruits ou de sorbets.

Gare aux médicaments

Bon nombre de traitements médicamenteux peuvent majorer les effets de la canicule sur l'organisme, ou gêner l'adaptation du corps à la chaleur. Par exemple, les diurétiques vont augmenter une déshydratation, les antidépresseurs peuvent aggraver les problèmes de thermorégulation, les somnifères diminuent la vigilance et la capacité à adapter son comportement pour lutter contre la chaleur… "Il est important de parler des mesures à prendre avec son médecin traitant avant les fortes chaleurs. Sans prendre seul la décision d'arrêter ou de baisser tel ou tel médicament", prévient le Dr Trivalle.

Attention : en cas de forte chaleur, pour traiter la fièvre ou les maux de tête qui peuvent en découler, il est fortement déconseillé de prendre de l'aspirine ou du paracétamol. En effet, le paracétamol devient inefficace en cas de coup de chaleur, tandis que l'aspirine peut perturber la thermorégulation de l'organisme.

Surveiller les signes d'alerte

"Les crampes aux jambes, aux bras ou au ventre sont les premières manifestations indiquant que l'organisme commence à souffrir de la chaleur", décrit Agnès Verrier. Ensuite vient la fatigue, une grosse envie de dormir. Face à ces premiers signes, on peut boire et se mettre dans un lieu frais. Si cela persiste ou que l'on constate une aggravation, on appelle le 15 ou le médecin.

"En revanche, face à un malaise ou à une personne qui divague, c'est immédiatement le 15", insiste le Dr Christophe Trivalle.

Prendre et donner des nouvelles

C'est une période pendant laquelle la solidarité est plus que jamais primordiale. La famille, les voisins de personnes âgées, isolées ou fragiles peuvent prendre des nouvelles tous les jours. Il est également possible de se faire connaître auprès du registre communal des personnes vulnérables.

Penser (aussi) aux animaux

Les animaux peuvent aussi souffrir de l'excès de chaleur. Des conseils de prévention s'appliquent aussi à eux : lieu de vie abrité du soleil, eau propre à disposition, éviter l'exercice et la promenade sur du bitume brûlant pour les coussinets, ne pas laisser un animal seul dans une voiture, même les fenêtres ouvertes…

Tous les gestes et astuces sont à retrouver sur vivre-avec-la-chaleur.fr.