C'est « l'or des ruches ». Le miel, cette substance sirupeuse, sucrée, ambrée… est victime de son succès. Les Français en consomment plus de 50 000 tonnes chaque année selon FranceAgriMer, dont environ 30 000 sont importées notamment de Chine, mais aussi de Turquie, d'Ukraine, d'Argentine, etc. Prisé, ce produit reste très largement frelaté. Falsification, utilisation trompeuse de mentions valorisantes, francisation : ces fraudes restent difficiles à contrôler. Et pour le consommateur, elles s'ajoutent à l'opacité du système.
Une récente étude réalisée par la Commission européenne indique que sur 320 échantillons analysés de miel importé dans l'Union, 46 % dérogeraient aux règles de la directive qui encadre sa production et sa commercialisation. Les étiquettes parcellaires ou les appellations mensongères ne concernent pas seulement les produits importés, mais aussi le bio et les marchés de vente directe, comme l'a montré une enquête de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en 2017. Alors, à qui se fier ?
Les mentions dont il faut se méfier
Une liste des anomalies à la vente est disponible sur le site de la DGCCRF. D'abord, il y a la falsification pure, l'adjonction de sucre ou même les faux miels, dits « d'assemblage », composés de différents sucres ou sirops, à base de riz, de blé ou de betterave blanche. Ces imitations, très bon marché à fabriquer (la Chine et la Turquie en produisent beaucoup), n'impliquent aucune abeille. Afin de s'en préserver, le meilleur moyen reste de privilégier la vente directe ou les petits apiculteurs, dont vous pouvez vérifier le sérieux du travail. Si les fraudes ne sont pas totalement absentes de ces marchés, elles sont bien plus difficiles à déguiser. La mention « récolté et mis en pot par l'apiculteur » tout comme celle d'une origine florale et géographique précise sont souvent gage de transparence.
Évitez les miels sur lesquels il est marqué « non UE » ou « mélange UE et hors UE ». En France, depuis 2022, il est obligatoire d'indiquer sur le contenant l'origine du miel avec une pondération par pays. Faites la part belle au « 100 % français ». En choisissant un miel français labellisé bio, vous protégez autrement plus les abeilles. Fuyez ensuite les mentions valorisantes du type « 100 % naturel » ou « miel pur », qui distinguent abusivement les produits qui les portent. Le miel est, par nature, naturel et un produit pur. Passez aussi votre chemin quand les pots portent des allégations nutritionnelles et de santé qui ne sont pas autorisées, du type « excellent tonifiant pour les veines », « riche en ceci ou cela », etc.
Labels et normes
Des labels garantissent la qualité ou l'origine du produit. En tenir compte est un bon moyen d'aller vers de la qualité. L'IGP (indication géographique protégée), par exemple pour le miel de Provence ou le miel d'Alsace ; l'AOP (appellation d'origine protégée) pour celui de Corse ou le miel de sapin des Vosges. Certains, comme le miel de lavande de Provence ou le miel de sapin d'Alsace, bénéficient aussi du Label rouge.
Vieilles de plus de vingt ans, les normes européennes ont été mises à jour en décembre 2023. Les directives « petit-déjeuner », qui comprennent celle dite « miel », ont été révisées. Le Parlement européen a notamment proposé la mise en place d'une traçabilité de la chaîne d'approvisionnement, ainsi que la création d'un laboratoire de référence qui procédera à des analyses systématiques. En attendant cette systématisation et pour ceux qui sont strictement végans ou pensent qu'il n'est pas très écologique d'élever des abeilles pour leur prendre leur miel, il est toujours possible de fabriquer un substitut de miel soi-même, à base de pommes ou de pissenlits… Ou de lui préférer un sirop de céréales.