Que l'on se rassure, pour commencer : les jardiniers français (plus de neuf sur dix) arrosent leurs plantes ! Mieux : un sur deux utilise de l'eau de récupération, sachant qu'un tiers le fait au moyen d'un récupérateur de pluie. C'est ce qu'a révélé l'étude¹ commandée par Valhor (interprofession de l'horticulture, de la fleuristerie et du paysage) et FranceAgriMer (produits de l'agriculture et de la mer).

Le prix de l'eau et les restrictions chaque été (parfois même dès le printemps) rebattent les cartes. Selon la même étude, plus de la moitié des possesseurs de jardin prévoient de réduire leurs achats de végétaux dans les prochaines années. Vu plus positivement, ils envisagent, dans la même proportion (56 %), d'acquérir un voire plusieurs récupérateurs d'eau de pluie. Les plus de 50 ans le font surtout pour des raisons économiques. Les plus jeunes sont motivés par des choix écologiques. Les deux camps se rejoignent in fine. Mais, dans tous les cas, la filière horticole se fait désormais un devoir de mettre en avant les bons gestes. D'abord, elle défend le paillage qui permet aux sols de garder plus longtemps l'humidité. Ensuite, elle encourage à adapter les plantes aux nouvelles normes saisonnières. Réduire la cadence d'arrosage les habitue au stress hydrique, retarde le premier jet de la saison estivale et leur permet de mieux résister aux canicules de juillet et août. Enfin, la filière recommande de ne plus hésiter à se tourner vers l'achat de plantes méditerranéennes, y compris pour des jardins au nord de la Loire.

Investir dans un système de récupération d'eau

L'utilisation de l'eau du réseau devient un luxe que même les mieux lotis des amateurs de jardin s'épargnent aujourd'hui. Il reste toujours judicieux de réutiliser l'eau d'usage de la cuisine. Celle qui sert au lavage de la salade et des légumes, mais aussi l'eau de cuisson des pommes de terre, du riz et des pâtes, qui présente des qualités nutritives (amidon, potassium, magnésium, fer, etc.). Penser toutefois à ne pas saler l'eau. Mais cela ne suffit pas pour un jardin un peu imposant. Un récupérateur classique d'eau de pluie – ce que les professionnels nomment un récupérateur à cuve hors sol – ne coûte pas cher. Certes, il n'est pas très esthétique avec ses allures de poubelle géante, mais de 25 à 100 euros (raccordement inclus) suffisent pour disposer d'une réserve de 200 à 300 litres à placer à proximité d'une descente de gouttière. La facture grimpe à 200 euros quand on vise un minimum de 500 litres. Sachant que, pour bien calculer son coup, il faut ajouter à la panoplie une pompe à eau (90 à 130 euros) si l'on veut raccorder son récupérateur à un système d'arrosage automatique. En période de sécheresse, 45 à 60 litres d'eau par mètre carré sont à prévoir par semaine pour un jardin avec pelouse et fleurs, et jusqu'à 100 litres pour un potager. Pour les grandes capacités, et sans avoir peur des factures à quatre chiffres, il ne faut donc pas lésiner : des récupérateurs d'eau à cuve enterrée permettent d'emmagasiner de 2 000 à 5 000 litres. Tout dépend, bien sûr, de la pluviométrie locale et des surfaces de toit à considérer. Mais tout jardinier, qu'il vive dans le Sud ou dans le Nord, doit se poser ces questions aujourd'hui pour que ses cultures traversent l'été sans trop souffrir.

¹ Enquête menée par Kantar auprès de 4 500 foyers possédant un jardin et représentatifs des ménages français.